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En mai, fais ce qu'il te plaît

12.05.20


"L'amour c'est comme rentrer à la maison après un long périple" (orange is the new black)


J'ai souvent entendu dire que si l'on enferme un colibri en cage, il meurt ; c'est aussi le cas chez d'autres oiseaux emblématiques pour les mayas comme le quetzal par exemple. Cela fait plus de 10 ans que je m'intéresse à la culture amérindienne, et notamment la symbolique animale, il y en a beaucoup en moi, comme en chacun d'entre nous : la puissance du cheval, la grâce du cygne, l'énergie du serpent, la sociabilité du loup, la candeur du dauphin, la sagesse de l'aigle...etc. Je sais aujourd'hui qu'il y a aussi en moi cette soif inaltérable de liberté, la même que celle du colibri. Ma mère a déjà compris cela depuis bien longtemps, elle m'a dit "heureusement que vous avez pris la décision de louer une maison au Mexique, tu serais devenu fou confiné dans votre appart".


J'ai vu dernièrement un reportage sur la Polynésie, cela m'a rappelé un mot tahitien "Fenua" qui désigne la nature, le territoire, un espace dans lequel les hommes, les plantes, les animaux sont indissociables. C'est dans le Fenua que je vis. Aussi, dans l'exposition Body World à New York qui expose des corps humains plastinés une phrase m'avait marquée "l'âme rayonne par son absence", de la même manière je n'ai jamais autant pensé à la nature, qu'en en étant coupé, le confinement est un rappel à l'homme que nous sommes nés et appartenons à la nature et non à nos appartements. Je ne pense qu'à cela en ce moment : aller faire une randonnée, dormir dans ma tente, regarder les étoiles, faire un feu de camp, faire un pique-nique... Le colibri n'est pas mort !


Après moults aléas...

perdre l'argent de nos vols annulés, réaliser que l'ambassade ne sert à rien, s'enerver avec des soit-disant coupons de remboursement qui ne fonctionnent pas, constater que les prix airfrance s'accrochent au plafond (env.2000e/pers, l'aller simple Mexico-Paris), comprendre le fait que les compagnies aériennes profitent de la situation : recommencent à vendre des billets, puis annulent et ne remboursent pas, se résigner à devoir passer par Mexico...etc ce qui rend notre prise de décision concernant le retour assez difficile. Heureusement Beryl est plus pragmatique que moi et ne se laisse pas happer par le prix de billets plus attractifs, vols qui du jour au lendemain se retrouvent annulés.

... Nous trouvons enfin la solution : acheter un billet airfrance aller/retour, toujours cher mais moins qu'un aller simple aussi illogique que cela soit (1400e pour nous trois, Basile ne payant pas).


Du coup bien que j'ai la flemme d'avance d'envisager le périple du retour, je suis ravi que nous ayons trouvé une solution pour rentrer après le déconfinement en France. Evidemment cela fait maintenant plusieurs semaines que j'ai lâché l'idée de poursuivre le voyage. Nous partons le 13 mai au matin, nous rendons à l'aéroport de Cancun, à 30mn de taxi. Avons notre vol de 2h30 pour Mexico, et repartons pour Paris le soir. Nous arrivons à Paris le 14 mai en début d'après-midi après 11h de vol. Nous devons rejoindre la gare et prendre un TGV pour Valence, où nous arrivons à 19h. Mes parents nous emmènent notre voiture, et nous roulerons jusqu'à chez nous...Bref pas loin de 40h de voyage. Moi qui prévoit toujours les vols les plus directs possibles d'habitude...


Maintenant croisons les doigts que tout se déroule comme prévu. Ce qui n'est déjà plus le cas au moment où je relis ces notes puisque notre premier vol est retardé, ce qui en soit est censé être mieux pour nous car notre transit à Mexico passe de 7h à 4h, ce qui est largement suffisant... mais autant vous dire que notre Mexico - Paris ON NE VEUT PAS LE LOUPER! L'instabilité des lignes aériennes reste stressante actuellement, nous avions envisagé d'aller à Mexico la veille mais ne trouvons aucun hôtel de disponible. Ainsi je publie cet article avec pour objectif principal que tous les lecteurs joignent leurs bonnes pensées aux nôtres et que l'on arrive à rentrer tranquillement.


Bien que je sois ravi de rentrer après ces deux mois de confinement, il est clair que je reste sur ma faim. Nous faisons à peu près un gros voyage tous les 2 ans, celui-ci est arrivé après les noces de l'inconnu il y a 3 ans, et n'a duré que 1 mois et demi. C'est beaucoup plus que la plupart des gens certes, mais nous ne sommes pas la plupart des gens, et cela ne m'a pas suffit. Comme je l'ai fait lors de notre vie à Genève, je compte bien me rattraper à coup de easyjet et de "petits séjours" dès que cela redeviendra possible.


Côté confinement, je ne vais pas broder inutilement, je n'ai pas grand chose à raconter, hormis que Basile continue à être plus autonome : il s'essuie tout seul (ou presque), il chante, il met les chaussures de Beryl ou mes tongs, il saute dans la piscine, on a commencé à le familiariser avec le pot mais ce n'est pas pour tout de suite, nous appelons les oiseaux ensemble, et j'ai déjà des projections en l'appelant "mon futur ornithologue"...Beryl m'épate avec son fitness et son yoga, ce n'est pas toujours facile pour une jeune maman de se remettre "en route".  Quant à moi, j'ai pris beaucoup de plaisir à cuisiner : comme un passe-temps devenu indispensable (et qui ne durera sans doute pas), je me suis improvisé coiffeur pour Basile, Beryl a eu des sueurs froides et est finalement, tout comme moi, contente du resultat. Le soir,  je me suis laissé bercer par le chant des geckos que j'ai toujours adoré, guette toujours à la fenêtre la visite des petits lézards, autant que je redoute la visite mystère du chat dans le jardin, allez savoir pourquoi. Beryl et moi jouons au frisbee ou au volley dans la piscine, et Basile nous observe en mangeant du pop corn, je trouve la scène assez drôle. Ce qui me manque le plus je crois c'est de voir Basile s'épanouir à jouer et rire avec d'autres enfants et comme toujours évidemment le fromage de chèvre !


Sauf imprévus, je pense que ceci sera le dernier article de l'intimité du monde.

Un voyage où nous avons su combiner nos envies et les siestes de bébé, et où nous avons sans doute vu la plupart des aires de jeux pour enfants de Floride. Je garde cette certitude que nous reviendrons au Mexique, mais pas pour  y être confinés cette fois ! J'ai tout aimé ici, sans demi-mesure, la bienveillance des mexicains, la beauté des paysages, la qualité de la nourriture et des cocktails, la puissance des sites Mayas et la douceur du temps. Un voyage qui pour la première fois à été écourté pour des raisons dont je n'ai pas été maitre.


Je rentre de voyage, sans être autant rassasié que d'habitude, mais cependant comme toujours le coeur et l'esprit remplis d'envies et de projets, certains immédiats d'autres plus lointains. En effet, je ramène toujours de mes voyages plus de projets que de souvenirs. Il semblerait que nous partons au bon moment, il pleut ici depuis 3 jours, ce qui n'est jamais arrivé. Des nouvelles arrivent à point, une place en crèche pour la rentrée, des nouveautés qui se mettent en place... Puis surtout ce voyage ne nous en laisse pas le choix : il faudra un jour aller à Cuba !


Joyeux déconfinement à tous, la vie est trop courte, alors sortez de chez vous, aimez vous, bourrez vous la gueule, mangez de la tapenade et partez marcher dans la forêt.


Merci à ceux qui me lisent depuis plus de 10 ans de me faire cet honneur.




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