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"J'avais toujours pensé qu'un homme devait posséder une maison à l'endroit de sa naissance, où il pourrait trouver un repos qui lui échappait partout ailleurs" Nelson Mandela, long walk to freedom


A Victoria, je decouvre aussi la galerie de Robert Bateman dont nous avions déjà vu quelques chefs d'oeuvre dans le Wyoming. 

Nous decidons de prolonger la douceur automnale des iles et nous rendons sur Pender Island. Sur le ferry je rencontre un retraité qui décide de nous conduire jusqu'à notre lieu de villégiature. Nous arrivons sur ce qui semble être l'unique bar-restaurant de l'ile, juxtaposé à un grand terrain. Nous décidons que le moment est propice à nos dernières nuits de camping sur le continent, et probablement aussi nos dernières nuits de camping de l'année. 

Nous effectuons une petite marche jusqu'au point culminant de l'ile à quelques petites centaines de mètres d'altitude, le Mont Norman. Nous terminons par un bain rafraichissant dans la mer.

Les 2 matinées de notre séjour, j'utilise la piscine du restaurant comme "fouet matinal", un monsieur en me voyant s'ecrie : " your summer is not over " (ton été n'est pas terminé)

Je savoure pleinement ces retrouvailles avec la nature, ces eaux glaciales, le son des bateaux au loin qui accompagnent mon sommeil dans la tente, la brume qui se pose chaque soir, la pleine lune, le froid revigorant. 

De retour sur la grande ile, nous bookons en ligne un billet à 40 euros (au lieu de 150) afin de rentrer depuis Nanaimo jusqu'à Vancouver.... En hydravion !!  Nous effectuons nos premiers kilomètres en stops au Canada, le long du tout premier bout de transcanadienne qui relie Victoria à Nanaimo. Notre excitation sera tue tandis que les hydravions ne volent pas à cause de la brume trop épaisse, heureusement, nous l'apprenons suffisament tot et sautons dans un ferry pour rejoindre le continent.

La GRANDE traversée commence, relier Vancouver à Montreal en une dizaine de jours, soit presque 5000 kms, essayer d'en faire le plus possible en autostop ! Le calcul n'est pas difficile, il faut s'en tenir à une moyenne de 500 km par jour si on veut avoir une chance d'attraper notre avion à Montréal le 24 octobre. 

A peine sortis du ferry, sur le parking, une voiture s'arrete, à bord une maman et son fils de 19 ans, Lynne et Tim. Au bout de quelques secondes à peine, Lynne nous invite : "Vous faites quoi ce week-end ? Venez à la maison, nous recevons des amis pour Thanksgiving ! "

L'accueil au Canada ne se fait donc pas attendre, nous arrivons chez Lynne et Tim à Chilliwack, où David son mari nous attend, ainsi que Robyn, leur fille et bien entendu leur petit chien.

Nous somme recus comme des princes, mieux que ca, comme de la famille... Nous sommes à la maison. 

Nous passons 3 nuits dans cette famille, une offre qui nous a été impossible de refuser, malgré l'immense route qui nous attend encore et la pression que cela engendre. La douceur et la bienveillance de cette famille ne se refusent pas. Pour notre trajet, eh bien dans la vie, faut prendre des risques. 

Originaires d'Afrique du Sud, Lynne et David ont tissé des liens très fort avec les familles des environs. N'oublions pas que le Canada est un pays d'immigrés et qu'en voici un bel exemple. Les voisins sont eux d'origine allemande, nous faisons un repas avec 2 couples d'amis à eux, Nous sommes donc 8 autour de la table, il n'y a qu'une seule personne née au Canada. Leur enfants apellent Tonton et Tata le voisin,  c'est une formidable famille d'amis. Nous effectuons une petite marche glaciale jusqu'à un lac de montagne, jouons de la musique toute la soirée avec Robyn, puis Thanksgiving est dejà là. Notre premier et inoubliable Thanksgiving. Le repas est Gaulois, les amis tous aussi gentils et interessants les uns que les autres, nous sommes à notre place, meme si nous sommes "les etrangers", dans ce pays où personne et tout le monde l'est. 

Ce sont les larmes aux yeux que nous repartons. Si les 4 mois de ce voyage avaient été pourris et qu'il y avait juste eu ces trois jours chez Lynne et Dave, cela aurait quand meme valu le coup ! Ces gens là sont un trésor de la vie.

Lors de cette traversée du Canada en autostop, je vais enfin retrouver ce goût pour l'autre que j'avais parfois perdu ou dont j'étais las aux Etats-Unis. Il va s'avérer que chaque rencontre aura son gout d'exception, son interet presque anthropologique, cette magie de l'instant.

C'est peu après un petit bled paumé nommé Pocahontas (non je ne deconne pas) que notre premier "first nation" (Amérindien) nous prend en autostoppe. En effet, en anglais on nous explique que certaines expressions peuvent être offensantes, comme "indian" (indien), les mots les plus appréciés sont "first nation" (première nation) ou "native american" (american natif).  Il s'apelle James, sa maman dont il nous parle s'apelle Roxane. Nous discutons de tout, de rien, de son travail, puis d'histoire, des colonisations, de la souffrance que cela a causé pour les natifs... Puis il me dit une phrase qui me touche, il me dit "Mais ce n'était pas toi". Nous nous sentons tellement souvent responsables des erreurs de nos ancêtres, nous portons tous sur nos epaules aujourd'hui les crimes de l'humanité commis par notre peuple il y a 10, 20 ou 100 ans. Et puis James aujourd'hui me dit " ce n'est pas de TA faute". Je trouve cela assez fort. James fait parti de la reserve des Sea Bird, sur le territoire des Stolo nation, le nom general de son peuple étant Coast Salish. 

Les regions de l'Ouest canadien sont parsemées d'immenses maisons, à la hauteur de celle dans laquelle Lynne et David nous avaient accueillis. Car comme les gens disent ici : "Il y a de la place". Sentiment qui échappe à notre microscopique France et ses 70 millions d'habitants. Ici il sonts 35 millions. 

Nous croisons notre premier élan, instant magique, une creature gigantesque de l'autre coté du champ. Avec les couleurs de feux de l'automne, le spectacle est epoustouflant.

Nous tenons le cap sur la barre des 500 kms par jour. Le lendemain nous apprenons quelque chose d'interessant sur la justice canadienne. Un alcootest est accroché au volant de ce monsieur et à chaque fois que cela bipe, il doit souffler dedans. Il a été pris en état d'ivresse il y a quelques mois et a hérité de ce dispositif au lieu de se voir son permis retiré, ce qui lui aurait également fait perdre son travail. C'est une manière intelligente de donner un sursis à la personne. Un systeme d'alcootest est fixé sur la voiture. Et selon les heures, le week end ou la semaine, l'appareil bipe plus ou moins regulièrement, avide d'haleine fraiche. 

Tandis que nous parlons à un chauffeur de poids-lourd d'origine roumaine de la peur que nous avons lu dans les yeux des americains au cours de notre voyage, celui-ci nous repond "they are not scared, they are ignorant " (ils n'ont pas peur, ils sont ignorants).

Le lendemain, nous faisons une rencontre tres forte avec Rolland, notre "deuxieme" natif americain à s'arreter. Comme l'avait déjà evoqué James rencontré deux jours plus tot, nous echangeons plus longuement sur ce qui, du temps des colonisations, s'appellait "residential school" (ecole residentielle), soit les ecoles catholiques dans lesquelles les gamins amérindiens étaient forcés d'aller. Car comme nous le dit Rolland, ce n'est que dans les années 60 que les premiers americains ont pu avoir leur propres ecoles. 

Rolland était alors un chef de sa tribu, et en tant que tel, il a été convié au Vatican, du temps de Jean-Paul II, qu'il a rencontré afin que l'Eglise reconnaisse les sévices qu'ont subi les enfants de son peuple dans les ecoles catholiques des colons. Que l'Eglise reconnaisse le mal fait à leur famille, car comme ils disent, de tels sevices mettront 5 générations pour guérir, et que l'Eglise se sépare de ses prêtres-bourreaux. Car la liste est là, sous les yeux du Pape, ces noms de prêtres travaillant encore au nom du Vatican. 

Pour reprendre les mots de Rolland, il nous dit que si cela était à refaire, il ne se déplacerait pas. Que cela a été parfaitement inutile. Que le pape n'a rien écouté, n'a rien reconnu. Que l'Eglise nie et ne reconnait pas. Qu'il a perdu son temps.

Je suis fasciné, et reconnaisant de cette rencontre. Merci la vie.

Il nous raconte une blague "locale", telle que je les aime. Alors voici :

Un homme se retrouve devant St Pierre aux portes du Paradis. Il lui demande ce qu'il a fait de bon dans sa vie, et l'homme ne parvient pas à repondre. St Pierre lui demande de chercher plus, qu'il a bien du faire une bonne action dans sa vie, s'il veut rentrer au paradis il vaudrait mieux pour lui. Alors l'homme trouve : "ah oui, une fois, un indien faisait la manche, je lui ai donné 1 euro". Trouve mieux que ca, dit St Pierre, tu a bien du faire quelque chose de bon dans ta vie. Alors l'homme reprend : "Ah oui, quelques mois plus tard, j'ai revu cet indien qui faisait la manche et je lui ai redonné 1 dollar".

Alors la voix de Dieu resonne, il parle à St Pierre : "Rends lui ses 2 dollars et envoie le en Enfer!"

Tandis qu'en pleine nuit, une jeune femme s'arrête pour "nous sauver", je me reconcilie avec les chiens. En effet la voiture est pleine à craquer, il ya un chien enorme, Rocky, qui va etre sur mes genoux pendant 2 heures, un autre chien plus petit qui reste sur le genoux de la conductrice, et Beryl derriere est à coté d'un immense vivarium qui contient deux lezards. C'est la SPA qui demenage cette voiture ! La jeune femme en effet demenage, cela fait presque 15 heures qu'elle roule. Pour couronner le tout, une voiture de police nous arrete, elle roule 40 km/h au dessus de la vitesse autorisée. Le policier est gentil, il l'informe simplement et lui donne une amende de 150 euros. La jeune fille nous dit que cela lui est déjà arrivé, qu'elle va écrire une lettre de reclamation, aller au tribunal, dire qu c'est une erreur et l'amende sautera. Aussi simple que ca. Nous sommes bluffés.

2 heures apres, on atterrit dans un Motel 6, et c'est très bien. Je n'en pouvais plus de ces 40 kilos de chien sur moi... Les poils sur mes habits partiront-ils un jour ? 

Une enieme voiture comme ce monsieur qui fait partie de la communauté des Hutterites, des gens qui vivent commes les Amish ou les Mormons en mode "petite maison dans la prairie", les femmes aux fourneaux, les hommes aux champs...etc... Un enieme camion comme les deux freres qui nous feront avancer de 800 km plus tard... Nous faisons cette rencontre surprenante vers Winnipeg, la ville dont les gens aiment à dire "ici, il ya 5 saisons : été, automne, hiver, printemps et les travaux". En effet il ya des travaux partout, et soit disant, tout le temps.

Nous faisons enfin la rencontre surprenante de celui que je surnomme "YES MAN", l'homme qui dit Oui à tout. Il nous reste 1300 kms avant Toronto, nous sommes debout depuis 5h du matin, il est 5 heures du soir. Yes Man s'arrete et nous demande "vous allez ou ?" 

On dit : "a Toronto".

Il repond "ok, ca fait 1 an que j'ai pas vu ma mère, ca sera l'occasion". Et il se lance dans le pari dingue que de nous conduire toute la nuit, sur ces 1300 derniers kms. Et il va VRAIMENT le faire !! Nous arrivons vers 10h du matin à Toronto, après une grande journée de 28 heures sur la route !!!

La suite nous avons la chance de pouvoir la regler comme du papier à musique, visite de Toronto, bus pour les magnifiques chutes du Niagara; ou je fais beaucoup rire Beryl en disant que les lieux me rapellent "l'Isle sur la sorgue", allez savoir pourquoi... bus retour à Toronto et bus jusqu'à Montreal. Aéroport.... et maison !! :)

Ouf !! J'ai fini ce blog, un mois apres notre retour, et comble des combles, depuis "le niagara" francais, puisque nous avons aménagé a l'Isle sur la sorgue... 

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