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La route, le vent, la chaleur et la poussière (2)

Des femmes font coucou a Beryl, souriantes. Nous decidons de nous arreter. Elles nous servent du the et des Manty (ravioles bouillies), cest souvent un rituel ici " tchae tch " et "kuschet , kuschet " (mange, mange)

Une fois le moment passe, les photos montrees, lorgue de barabarie d'Amelie poulain sonne, nous retournons dans le village. Une maison avait attire mon attention un peu plus bas, pres de la riviere. Une maisonnette entouree de champs et ombragee par de grands peupliers.

Nous rentrons dans la cour, un homme dun certain age nous accueille, on lui fait comprendre que nous souhaiterions dormir ici. Il est dabord un peu gene, il nous invite a nous asseoir a l'interieur, nous montre la piece principale recouverte de tapis au sol (shyrdak) comme s'il envisageait vaguement l'idee que lon puisse y dormir. Nous nous asseyons dans la cour qui est tres agreable, ou il fait frais. Son fils et sa femme ne tardent pas a arriver. Il y a une grosse demi-heure de flottement ou il sappretent a nous accueillir certes, mais ou ? comment ? ils sont genes. Nous ne sentons pas de malaise, plutot une grande timidite.

Ils installent enfin de grands tapis et oreillers dans lherbe du jardin et nous y convient. Nous brisons donc la glace en disant que nous avons une tente et qu'on pourrait l'installer. N'ayant pas souhaite le dire plus tot pour verifier dabord leur reaction, s'il nous inviteraient dedans ou pas...etc. La timidite est enfin rompue. Ils sont ravis que nous plantions notre tente, leur intimite nest alors pas bousculee et la notre non plus. Ils observent amuses le montage de notre tente "leader price" et nous invitent a linterieur pour boire du the et manger. Le repas cest du pain et des morceaux doignons crus.

La femme se livre un peu plus, elle qui etait finalement encore plus timide que le monsieur. Elle boite douloureusement. Je devine un probleme a la hanche, BB un probleme au genou ; et cest BB qui a raison. On eprouve une grande compassion a son egard, a voir comme elle en chie vraiment pour les moindres actes du quotidien, se lever, s'asseoir, marcher... elle nous montre son genou en nous expliquant que le docteur cest trop cher pour se faire operer. On tente de lui parler du croissant rouge (croix rouge) dont nous avons croise plusieurs vehicules. Bien que conscients que ce nest pas aussi simple, que les organisations humanitaires ont leurs mandats, leurs zones d'intervention, leurs bailleurs... Plus pour soulager quelques minutes notre conscience et lui donner une eventuelle piste a explorer lorsque nous partirons.

Cette rencontre me conforte dans mon choix professionnel et dans mon recent recrutement chez medecins sans frontieres. Nous en discutons avec Beryl et sommes d'accord sur le fait que lorsquil s'agit de problemes medicaux, il est bien plus facile d'accepter notre action, en se posant moins de questions ethiques comme sur le neocolonialisme et la pertinence de l'intervention...

Nous nous reveillons le lendemain au paradis des oiseaux... Les moineaux grouillent dans les peupliers (et bouleaux ??) entourant la maison. Il y a aussi une petite famille de dindons qui se promene autour de la tente.

Apres une premiere baignade dans la riviere, nous reprenons la route pour ATAI. Il y aurait un side trip interessant a faire afin de voir un gigantesque champ de petroglyphes. Nous n'y croyons qu'a moitie car cest assez loin. Il ny a pas de voitures. Nous n'avons que nos jambes faineantes et pas de cartes. Mais on se lance...

La marche est magnifique, il fait chaud, il y a des grillons, c'est un peu la provence. Le paysage est bien moins hostile que celui rencontre jusque la. De grandes fleurs, dont une qui ressemble beaucoup a de la lavande, a voir les feuilles je miserais sur une variete de sauge. Puis, surprise, des tonnes de chanvre sauvage, en gros du cannabis, de la marie-jeanne... Bref ca nous fait bien marrer, et on prend des photos qui feraient rever les minis Bob Marley.

On saute dans notre premiere remorque de camion, et si nous savions a quel point ca sera pas la derniere !!! puis on continue notre marche, remontant peu a peu la vallee. Sous le soleil de marseille... Avec une baignade, puis une autre... Croisons des tas de chevaux abrites sous un arbre pres de la riviere. On passage on constate que c'est leau que nous buvons ce qui nest pas des plus rassurant en soi. Mais pour l'instant au niveau intestinal, le kirghizistan ne nous a pas fait de trop mauvaises surprises ! Inch Allah !

 Apres environ deux heures de marche, qui nous ont fait tenir toute la journee vu les nombreuses pauses lecture, sieste, biagnade, on arrive sur une grande colline ou nous sommes accueillis par une Babushka et ses deux petits enfants. Meme rituel "tchae tch kuschet..." Nous lui demandons ou se trouve Saimalu Tash (lieu dit des petroglyphes ) elle nous montre la colline opposee, puis les montagnes, puis par dela la montagne. Notre guide indique en effet une fois de plus les 3000m daltitude, detail que nous avions volontairement omis de prendre en compte. Pensant bien que Saimalu Tash ou pas, nous ferions une belle "partie de campagne".

Nous retournons donc sur nos pas, nous re-baignons une enieme fois. Nous arrivons le soir a Atai apres plusieurs heures de marche. Nous demandons asile au vendeur du magasin. Il nous invite chez lui pour un enieme rituel "the-chocolat-confiture" et pourtant je crois qu'on a quand meme maigri !!

Dailleurs BB a ecrit une citation a ce sujet " et je deviens toute maigrichonne, a force de dire pichkom, pichkom "  (Pichkom = marcher)

Pour ma part, ma phrase du jour c'etait " A l'ombre je m'endors, sans direction et sans remords (...) ''

Le vendeur a une tres grande maison... nous echangeons un peu avec sa femme et son pere de 80 ans qui est un vrai bel homme du pays. Ils ont 4 filles.

Tandis que le vendeur s'apprete a aller ramener son pere en voiture, il nous fait comprendre qu'il est temps. Nous essayons de lui faire comprendre qu on ne sait pas ou dormir, peut on mettre notre tente dans son jardin ? il nous repond en gros " plein de gens bourres rodent et vont vous frapper " . Je n'ai aucune doute de la premiere partie de la phrase, cest vrai que la vodka fait des ravages (on voit souvent des gens a moitie morts sur le bas cote de la route ) mais je ne minquiete pas du tout de la deuxieme partie de sa phrase.

Il nous convie enfin a monter dans la voiture " il va nous conduire en lieu sur". On monte, redoutant un peu quel lieu pourrait etre plus sur que SA MAISON !!! BORDEL !!

Il nous amene dans une cour, a lecart du village, de ce qui semblerait etre une maison abandonnee. Pour couronner le tout un chien debarque et sattaque au Diedushka (grand pere) qui lui jette des pierres. On fait un sitting avec Beryl, on ne sort pas de la voiture, Ramenez nous au village, sur la route , nimporte ou mais pas ici.  On ne plantera pas la tente ici. NIET. Un petit temps de malentendu passe.

Lorsqu'un homme sort de la "maison abandonnee", cest le frere du vendeur. Il attache le chien sous "la grange" et nous invite a entrer dans la maison.  Nous sommes sauves !! Il nous installe royalement dans son salon. Nous avions fait la tente de lhabitant, le jardin de lhabitant et enfin, nous y sommes, la maison de lhabitant !!

Nous repartons le lendemain matin, en visant dans notre tete OSH, tres loin, une direction a laquelle nous savons qu'il ne sert a rien de s'accrocher vainement, afin de ne pas zapper le present. On parvient asez rapidement a sortir d ATAI et  regagner la "route " principale... la piste.

C'est la matinee, photo a l'appui, que je baptiserais de "a la recherche de l'arbre". Il fait chaud, de plus en plus tant que nous poursuivons vers l'Ouest. Un relent de "la vague de chaleur qui s'ecrase sur l'Europe" peut etre...

Bref, il y a un arbre tous les 5 km, alors faut pas le rater. Surtout que nous n'avons pas eu l'occasion de refaire le plein d'eau ! alors on sauve comme on peut la transpiration.

Ce samedi 27 fut en fait une grosse journee pour nous, a la fois lente et palpitante. Nous nous faisons deposer au bord du riviere ... alleluia ! je m'y jette ! et nous la buvons aussi.

Puis reprenons la route et somme deposes au milieu du col. Encore un a franchir. Nous allons proceder au "rituel" avec une famille dans une tente en contrebas, entouree de chevaux magnifiques. Cet fois l'homme n'a que du Kumiss a nous offrir (lait de jument fermente) nous l'avons deja goute, et clairement, je deteste tandis que BB , plus sage "n'aime pas" . Nous armons notre courage et notre rire pour refuser, et sortons les cartes postales de provence (les dernieres), la boite a musique et une paire de lunettes de soleil que nous offrons a cette famille chaleureuse de 4 personnes.

Nous sommes pris en stop un peu plus haut dans les "zigzag" du col par une remorque pleine de bois, ils nous conduisent a un campement de "nomades" enfin devrais je dire de "saisonniers"

Ils nous annoncent qu'ils nous conduiront a DJALALABAD (de lautre cote des montagnes a 2h au nord de OSH) et que nous arriverons a 20h. Merveilleux ! nous allons y arriver ! Whoa quelle route !! quelle journee!! ... comme si c'etait deja la fin...

Nous nous arretons 1h30 dans un yourte chez un jeune saisonnier hyper bavard ( oui cest moi qui dis ca). Je mange du pain et de la creme fraiche et  mendors, laissant BB  a ses grandes discussions...

Le depart approche, la petite camionnette avec remorque se prepare.... Une vache..... 1 moutons ...2,3,4,5 moutons.... et nous !!

nous sommes arrives a DJALALABAD a 21h30, 4 heures apres dinterminables zigzags frolant des ravins tous plus impressionants les uns que les autres, BB a le pantalon blanc couvert de bouse (la vache qui chie sur le mouton qui se frotte a BB ;) ), debout, entre le bassin de la vache et un bidon de gazoil ou de kumiss (on nen sait rien a vrai dire mais le conducteur nous a juste dit "attention BOOM" ) On sen sort epuises mais plutot bien malgre le nombre de sabots qui nous sont passes sur les pieds.

Manque de bol, il nous laissent a 3 km du centre ville. Cest rien 3 km mais a 21h30, apres plus de 12h de periple, nos nerf sont pas loin de lacher. On ne se laisse pas abattre, nous y sommes presque... Une station essence, un 4x4... Yallah !

On arrive dans un hotel sovietique degueulasse mais qu'est ce que l'on est contents !!!!

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